Page:Zeltner, Contes du Sénégal et du Niger, Leroux, 1913.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 82 —

Le crocodile lui dit : « Puisque tu as tant fait que de venir jusqu’ici tu peux bien entrer dans l’eau ». Le chasseur, portant le crocodile, y entre jusqu’au genou. « Pour me faire plaisir, va plus loin », lui dit celui-ci. Il va jusqu’à ce qu’il ait de l’eau jusqu’à la poitrine. Le crocodile le prie de nouveau et le chasseur marche jusqu’à ce qu’il ait de l’eau jusqu’au cou, défait les cordes et met le crocodile à l’eau en lui disant : « Maintenant tu peux t’en aller ».

Le crocodile répond : « Moi je ne peux te laisser aller : il faut que je te mange ». « Est-ce là ma récompense pour t’avoir porté de si loin et t’avoir sauvé la vie » ? dit le chasseur. « Je ne te mangerai pas avant d’avoir trouvé quelqu’un qui fasse la justice entre nous », répond le crocodile.

Arrive un cheval pour boire. Le crocodile lui dit : « Ne bois pas avant d’avoir servi d’arbitre entre nous ». Il lui explique l’affaire.

Le cheval répond : « Tu dois le manger, car l’homme est méchant. Depuis que je suis petit, on me monte, on me fait travailler, on voyage sur mon dos, on me maltraite : maintenant que je suis vieux on ne me donne plus rien à manger ».