Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/101

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PRÉLIMINAIRE.


le vuide de ſes projets. Lorfque les Fugitifs de Schandernagor ſe retirerent a Caſſimbazar, il s’y rendit auſſi : mais une inclination le retcnoit toujours chez les Maures, Et, quand nous quittâmes la Loge pour aller à Patna, il ie ie.panit. retira dans la maifon qu’il avoic a Moxoudabad. Plufieurs Seigneurs Maurcs le voyoient avec plaifir, le Grand Sayed le prooegeoit, 5c if vivoit des modiques appointemens que lui donnoic le Nabab. Naturellement obiigeanc 3 M. de Changeac parragea volontiers fon ordinaire avec moi. Mais j’ai tou jours plus crainc les fervices que les mauvais Offices : auffi, des-que ma jambe me parut en etat, fongeai-je a quitter Moxoudabad. Le beſoin m’avoit force de me défaire à perte de mon épée, de mon Palanquin, & des autres meubles, hardes ou bijoux que j’avois pu emporter avec moi. Cela me fit une petite fomme avec laquelle j’achetai un arc, des flèches, un fabre, un Catari, une Rondache (un Bouclier) & un Tatou : c’eft le nom que l’on donne dans le Bengale a de petits chevaux bruns, ronds, courts de tete, faits à la fatigue, & qui vontordinairement Pamble. On m’avoit trouve deux Pions & un Dobachi qui devoient m’accompagner jufqu’a Ganjam. Il fallut leur donner d’avance les deux tiers de leur paie ; & je me difpofai a. partir le 15, fongeant a peine aux dangers d’un voyage tel que celui de Moxoudabad a Pondichery.

Indépendamment de l’objet principal de ce voyage, les Livres de Zoroaftre que de Pondichery je devois aller chercher à Surate, deux motifs foutenoient encore mon courage. J’etois bien-aiſe de prendre fur les lieux une idee juste du genie & des mœurs des Indiens : ces notions pouvoient m’etre d’un grand fecours dans la traduction des Vedes, ſeconde opération Littéraire qui m’avoit amene dans l’Inde. Il me fcmbloit encore que, qnelque superficielles que fu flint mes remarques, elles pourroient neanmoins faire connoitre des Pays dont la plûpart des Voyageurs ne donnent guères que les noms.

Ces réflexions me conduiſoient aſſez agréablement au moment du départ, lorſqu’une vifite à laquelle M. de Changeac m’engagea, penſa déranger mon projet. Ce