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PRÉFACE.


me met dans le cas de les réaliſer au premier moment.

Mais des motifs preſſans m’arrachent à la tranquille, à l’heureuſe obſcurité que j’aurai peut-être lieu de regretter. Des protecteurs, des amis auxquels je me dois tout entier, les Sçavans de l’Europe avec leſquels j’ai en quelque ſorte pris des engagemens dans différens morceaux publiés depuis mon retour de l’Inde ; tous attendent avec impatience la traduction des Ouvrages qui en Perſe & dans l’Inde portent le nom de Zoroaſtre. Cet empreſſement eſt pour moi la voix du devoir, il me rend sourd à celle qui me montre le danger.

Eh ! pourquoi craindrois-je de produire mes foibles efforts, lorſque l’objet qui les a fait naître eſt le plus digne d’occuper l’être penſant ; lorſque le peu de matériaux que j’ai taché de raſſembler peuvent ſervir à commencer un édifice, la connoiſſance de l’homme, lequel ne demande pour être achevé qu’une main plus habile, qu’un bras plus fort & plus courageux ?

L’homme, le centre en quelque ſorte de la Nature, l’être qui nous intéreſſe le plus, qui nous touche de plus près, dont la connoiſſance eſt la baſe de nos opérations, de toutes nos autres connoiſſances ; l’homme, étudié, ou du moins vu & pratiqué depuis l’origine du Monde, n’eſt guère plus connu qu’au moment de ſa création. On a meſuré les aſtres, fondé les abîmes de la mer, parcouru toute l’étendue du Globe, & déterminé ſa forme ; on a ſurpris le ſecret de la Nature dans ſes productions, dans les loix qui reglent ſon cours : tout cela eſt pour l’homme, & l’homme eſt ignoré.

Deux routes peuvent nous conduire à la connoiſ-