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DISCOURS


lorſque j’y abordai pour la premiere fois en 1755. Le Comptoir manquoit de fonds ; les Conſeillers, les Capitaines & les Sous-Marchands ne recevoient pas leurs appointemens. Mon frere avoit ce dernier grade ; & M. de Leyrit, convaincu que nous n’avions pas d’autre reſſource pour ſubſiſter, nous donna une Ordonnance pour la Caiſſe, en conſéquence de laquelle nous touchâmes notre revenu tout le tems que nous paſsâmes dans cette Colonie.

Les amis que j’y avois retrouvés étoient toujours les mêmes à mon égard : mais je m’appercus bientôt que l’interruption du Commerce les mettoit un peu à l’étroit. Plutôt que de m’expoſer à des refus qui leur auroient beaucoup coûté, je m’adreſſai au Gouverneur & le priai de me permettre d’emprunter cinq cens roupies à la Compagnie. C’étoit le moins que je puſſe dépenſer pour me mettre en état de paroître à Pondichery, n’ayant pour tout équipage que ce qui m’avoit ſervi dans mon Voyage. M. de Leyrit toujours occupé des intérêts de la Compagnie, me répondit qu’il ne pouvoit charger le Comptoir de cette dette ; & me menant dans ſon Cabinet, il ouvrit ſa bourſe & en tira cent Pagodes qu’il me pria d’accepter. Mes refus furent inutiles : ſes paroles obligeantes vainquirent ma répugnance ; à peine même me permit-il de lui faire mon Billet. Il fut enſuite queſtion de ce que j’allois devenir. Je dis à M. de Leyrit que je ne voyois que Surate qui me convînt, à cauſe des Lettres que j’avois reçues de M. le Verrier : il approuva cette idée & diſſipa celle qu’une ſorte de découragement produit par les fatigues que j’avois eſſuyées, m’avoit fait naître, de retourner en Europe.

L’état de mon frere m’inquietoit plus que le mien. Je repréſentai à M. de Leyrit que les vues de la Compagnie étoient qu’il fût avec moi, pour faciliter mes recherches & aſſurer la correſpondance dont j’avois beſoin ; & comme le bruit couroit que M. le Verrier vouloit quitter Surate, je priai le Gouverneur d’envoyer mon frere ſecond dans ce Comptoir, avec l’expectative de la place de Chef. Plein de bonnes intentions, M. de Leyrit approuvoit mes raiſons : mais le Poſte étoit brigué, & ſa tranquillité natu-