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Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/16

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viij
PRÉFACE.

de l’Hiſtorien : on ſçait que ſouvent des yeux différens voyent différemment les mêmes objets ; qu’un événement rapporté par deux témoins oculaires, un regne décrit par deux Écrivains de ce regne, offrira quelquefois des variétés qu’on n’auroit pas ſuppoſé poſſibles. Si la diſtance des lieux & l’éloignement des tems ſe joignent à ces cauſes d’erreurs, que penſer des tableaux tracés par l’Hiſtorien qui paſſe pour le plus fidele ? Ce ſeront des portraits faits par un peintre qui ne pouvant voir les originaux, travaille d’imagination ou ſur de ſimples deſcriptions, ſur des oui-dire : ſon habileté ne garantira jamais la reſſemblance qu’un Artiſte même médiocre auroit ſaiſie au premier coup d’œil.

J’ai dit l’Historien le plus fidèle, parce que dans toute deſpription la main de l’Écrivain ſe montre comme celle du Peintre dans le tableau. L’amour de la vérité réſiſte difficilement au charme d’un trait brillant ; comment empecheroit-il de ſupprimer une contradiction de caractere ? Il faut que tous les événemens ſoient liés ; on leur donne des cauſes qui n’exiſterent jamais : comme chez le Peintre, il y a certains regards, certaines poſitions, une union, un enſemble d’uſage, mais qui n’eſt pas toujours dans l’original que le tableau eſt cenſé repréſenter.

Il faudroit pour aſſurer l’exactitude de l’Écrivain qu’une ſorte de reſpect guidât ſa main ; & c’eſt ce qui ne peut guere avoir lieu (encore ne l’a-t-il pas toujours) que dans l’Hiſtoire des Opinions Religieuſes. L’attachement de ſecte, augmenté par le caractere divin imprimé à ces opinions, les tranſmet plus ſurement. Le zéle religieux, après avoir ſoumis des peuples nombreux,