Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/164

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DISCOURS


    paſſera pour ſtupidité. Un Gouvernernent noble, ferme & juſte, eſt celui qui convient à un Peuple eſclave par molleſſe. S’il eſt de plus ſoutenu par un Commerce roulant, que les Chefs ſoient d’un abord facile, le Marchand protégé & même reſpecté, alors on verra les Indiens, qui généralement ne cherchent dans nos Établiſſemens que leur avantage, peupler les Colonies & y dépoſer leurs tréſors ».

    Ce feroit trop nous flatter que de reconnoitre notre adminiftration dans le tableau que je viens de tracer. Chez nous, une partie de plaifir arretera une expedition de la derniere importance. Quel Capitaine Marchand ofera fe prefenter à certaines heures pour regler avec le Gouverneur ce qui regarde fon Vaifleau i Jamais il ne pourra percer la haie de Pions, de Dobachis &c. qui I’environnent : c’eſt aux affaires à fe ranger à nos commoditis. Cela fait voir que nous ne fommes pas fort interelKs : mais aufli ce caraiftere n’eſt gueres propre à un Pays oil nous ne voudrions nous foutenir que par le Commerce. Une faute irreparable fous le Gouvernernent de M. Dupleix, c’eſt de n’avoir pas permis aux Armeniens d’avoir une Eglife à Pondichery. Cette Nation à porte ſes richeſſes à Madras, & le plus fort du Commerce qui ſe fait d’Inde à Inde, comme les Juifs établis à Cochin ſont celui de la Côte Malabare.

    Malgré cela, notre caractere, je ne crains pas de le dire, eſt celui qui agree le plus aux Maures & aux Indiens, parce qu’il porte une certaine franchiſe qui les gagne. Le Hollandois en eſt ſouverainement mépriſé, comme ſimple Commerçant. Ils craignent les Anglois & ne les aiment point, parce qu’ils voyent qu’une avidite inſatiable les porte à envahir non-ſeulement le Commerce des autres Européens, mais même le leur, pour enrichir l’Angleterre, ſans parler des injuſtices & des violences qui ne leur coûtent rien quand elles ſont utiles à leur Nation. Ils penſent bien différemment de nos conquêtes ; ils ne les regardent que comme une fuite de notre humeur guerriere, auſſi celebre en Aſie qu’en Europe. Ils nous voyent depenfer nos revenus en plaifirs, en pompe, & leur rendre ainfi d’une main ce que nous leur enlevons de l’autre. Ils n’ont pas oublié le trait de generosité de M. Dumas lors de l’irruption des Maratcs en 1740,1a conduite de M. Dupleix à l’egard de Schandafaheb, notre attachement conftant aux interets de Salabetzingue. Tous ces traits ont fait regarder les Francois comme des gtierriers geWreux, fur la parole defquels un Prince malheureux pouvoit compter, quand meme leurs interets en fouffriroient. C’eſt ce prejugé honorable pour la Nation qui nous à foutenu dans le Dekan & à la Cour de Dehly. Malgre l’etendue de nos Conquetes & les maux qu’ellesont du naturellement entrainer .jamais il ne nous eſt rien arrive’ de pareil an mailacre des Anglois à Kalkuta & à Patna. Les Marates eux-memes, Peuple tier & ennemi ni des Mogols, ne voulurent traiter en 1751 & 17 y 3 avee le Souba du Dekan, que fous la garantie de M. de BufTy ; & ils declarerent en 17J7 que Salabetzingue devoit la paix au merite petfonncl des Francois & de celui qui les commandoit (M. de Buſſy).

    C’eſt notre réputation qui a porté le Nabab du Bengale à nous offrir Kalkuta ; à prendre notre défenſe, quoique nous ne l’euſſions pas aidé dans ſon expédition contre les Anglois ; à faire marcher (trop tard, il eſt vrai,) fon armee au fecours de Schandcrnagor, contre l’avis de fon Confeil que les Anglois avoient gagné ; enfin à proteger les reſtes fugitifs dts Colonies Fran^oifes du Bengale. Mais ce malheureux Prince fe trompoit, croyant avoir affaire aux Francois qu’il avoit vus fous la Nababie de fon onclc & fous le Gouvernernent de M. Dupleix, remplir le Bengale de leur nom. Tout etoit change. Les Anglois avoient dit aux Maures & aux Indiens, que la facon de penlet de M. Dupleix n’etoit pas celle de ſa Nation. Leur deſſein etoit de nous faire perdre l’aſcendant que nous avions ſur l’eſprit des Princes du Pays, & de leur ôter la confiance qu’ils s’accoutumoient à avoir dans nos Traités & dans les ſecours que nous leur avions promis. Le rappel de M. Dupleix, tandis que fon rival, M. Saunders, étoit re-