peuples de l’antiquité, les Perſes. J’ai étudié leurs Langues, leurs Livres ſacrés, leur Hiſtoire, leurs mœurs, leur morale, leur Religion, leurs ſuperſtitions.
J’ai poſé des pierres d’attente pour les Indiens : les Bengalis, les Malabars, les Marates, les Canarins & les Maures ſe montrent dans mon voyage ſous des traits propres à les caractériſer.
On verra dans ce que je dis des Européens établis dans l’Inde ce que peuvent ſur les peuples de l’Europe le changement de climat & le mélange des uſages & des mœurs Aſiatiques.
Trop jeune pour être toujours maître de moi, & malgré cela dans l’âge que demandent des entrepriſes d’une certaine force, d’une certaine étendue, je me ſuis peint pour être utile aux voyageurs même par mes foibleſſes.
Mais j’étois ſeul & peut-être trop peu ſecouru. Mes recherches, quoique fixées à un objet principal, ſ’étendoient à mille branches. Je les quittois, les reprenois enſuite ; eſpece d’égarement qui rendra moins ſurprenant la diſtribution ſinguliere de l’Ouvrage que je préſente au Public. Quel avantage l’Europe ſçavante ne retireroit-elle pas des travaux murs, réfléchis, combinés, d’un Corps de Miſſionnaires littéraires mieux approviſionnés que moi, de plus riches de leur propre fonds ?
Vaine eſpérance, projet chimérique ! mon Académie n’exiſtera jamais ; & les hommes, accoutumés à leurs erreurs ou effrayés du travail que demanderoient de pareilles recherches, ſe nourriront de ſyſtemes, de portraits de fantaiſie, & continueront de tout étudier, de tout connoître, excepté l’homme.