Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/97

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PRÉLIMINAIRE.


(l’Eltchi du Nabab), & qui n’avoit de force que juſqu’a Balaſſor, obligé de tirer mes reſſources de ma tête, parmi des Peuples auxquels le nom même des François étoit inconnu, ou qui n’avoient plus de raiſon de les menager. Cet etat d’abandon, preſque déſeſpérant, me parut digne de mon courage, & je continuai ma route [1]. Je pris le chemin que l’armée avoit ſuivi, & me rendis en quatre jours à Moxoudabad.


[1] Je ne puis m’empêcher de faire ici quelques réflexions sur la manière dont les Européens se conduisent dans le Bengale. En général, les Compagnies ne considèrent pas assez que dans des Pays aussi éloignés, l'intérêt personnel chez les Particuliers l’emportera toujours sur celui des Corps qui les envoyent, & même, en cas de concurrence, 1’absorbera entièrement ; je prends pour exemple les Anglois établis dans le Bengale.

Cette Contrée est la plus riche Province de l’Indoustan. Elle produit le nécessaire & l’agréable. Le Tek, excellent bois de construction & de meuble, se trouve en abondance dans les forêts de Soundri, entre Daka & Schandernagor ; Patna fournit le meilleur Salpêtre & le meilleur Opom ; on fabrique avec la soie de Cassimbazar et des environs d’assez jolies étoffes. Le Pays produit aussi du coton, sans parler de celui de Surate que l'on y met en œuvre, & qui donne entre autres étoffes, les belles mousselines unies & Doreas ( rayées ) que l'on ne brode nulle part avec tant de délicatesse. Le beurre fondu, l’huile, les grains, le poivre long, le Gingembre & le Tabac y font encore un objet de Commerce dans le Pays même. On y voit de jolis chevaux Bays mouchetés. Au Nord, le bœuf est excellent; à Schandernagor le Cabril est un manger délicieux. On donnoit il y a trente ans cent œufs pour une roupie, & vingt-cinq poules pour le même prix ; mais lorsque j’arrivai dans le Bengale, ces denrées étoient déjà bien augmentées. La plupart des légumes d’Europe y viennent fort bien : les petits pois entr’autres y sont très-délicats. Tel étoit il y a seize ans le gain que l'on retiroit des mousselines. On avançoit 1’argent aux Fabriquans établis dans les terres, & les mousselines qu’ils remettoient au bout de plusieurs mois rapportoient vingt-cinq pour cent dans la Colonie même, & vingt-cinq pour cent, de la Colonie a Pondichéry.

Je ne parlerai pas du drap, du plomb, du cuivre & autres marchandises Européennes qu’on peut envoyer tous les ans à Patna, à Daka, par de petites flottes qui remontent le Gange, & qui fournissent de-là l’Indoustan, le Pays d’Aschem, le Thibet même, &c. Ce Commerce étoit dans tout son brillant, lorsque M. Dupleix commandoit à Schandernagor. On m’a dit dans le Pays que par des envois faits à tems, des fonds employés à propos, il avoit fait manquer plusieurs fois les Comptoirs Anglois & Hollandois. Le Bengale est donc une mine d’or, qu’il n’est question que d'exploiter habilement, mais toujours avec ménagement, pour ne pas s’ôter, en l’épuisant, le germe de nouvelles richesses.

La Monnoye de Moxoudabad produit seule au Nabab plusieurs millions par an. On ignore d’ailleurs quels sont au juste les revenus de ce Prince. Il commande à plus de vingt, tant Rajahs que Nababs & autres Chefs, qui peuvent mettre chacun quinze & vingt mille hommes sur pied. Enfin, plus de vingt millions en-</ref>

    milieu de ſa route, ils le laiſſent paſſer librement. Qu’ils ſçachent que cela leur eſt (enjoint) expressément, absolument. Ecrit le 14 du mois (nomme) le Grand Schaaban, l'an quatre (de l’installation du Roi).