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SOUVENIRS SUR LÉNINE

soldats de l’armée rouge des ennemis et non des frères et des libérateurs. Ils n’ont en aucune façon senti, pensé, agi en socialistes, en révolutionnaires, mais en nationalistes, en chauvins, en impérialistes. Nous avions compté sur la révolution en Pologne et elle ne s’est pas produite. Les paysans et les ouvriers, trompés par les gens de Pilsudski et de Daszinski, défendirent leurs adversaires de classe, ils laissèrent crever de faim nos vaillants soldats rouges, ils les attirèrent dans des guets-apens et les tuèrent.

« Notre Budienny est certainement aujourd’hui le plus brillant commandant de cavalerie du monde entier. Naturellement, un paysan, comme vous le savez sans doute. Comme les soldats des armées de la Révolution française portaient dans leur giberne le bâton de maréchal, il le portait, lui, dans ses fontes. Il n’a pas de grandes connaissances militaires, mais il a, par contre, un remarquable instinct stratégique. Il est courageux jusqu’à la plus folle témérité. Il partage avec ses cavaliers les plus dures privations et les plus grands dangers, et ils se feraient couper en morceaux pour lui. Il vaut, à lui seul, plusieurs escadrons. Mais toutes les qualités de Budienny et d’autres commandants d’armées révolutionnaires n’ont pas pu compenser nos lacunes militaires et techniques, encore moins cette erreur de calcul politique qu’était notre espoir d’une révolution en Pologne. D’ailleurs Radek nous avait prédit ce qui allait se passer.