du prolétariat : pouvait-il y avoir plus belle fête ?
Le surlendemain de mon arrivée, le camarade qui prenait soin de mon appartement, et qui manifestement était venu de l’ancien « régime » au nouveau, s’avança vers moi, à la fois ému et joyeux : « Camarade, Wladimir Illitch veut vous voir. Vous saurez que c’est M. Lénine qu’on appelle ainsi. Il va être ici tout de suite. » Je fus si remuée par l’annonce de cette visite que j’en oubliai sur le moment de remarquer le comique du « Monsieur Lénine ». Je me levai immédiatement de mon bureau et je courus à la porte. Il y était déjà, Wladimir Illitch, en vareuse de bure grise, l’air frais, robuste, comme avant les mauvais jours de sa maladie.
— « Soyez sans crainte, répondit-il, comme je lui demandais de ses nouvelles. Je me sens tout à fait bien, tout à fait robuste. Je suis même devenu « raisonnable », pour parler comme MM. les docteurs. Je travaille, mais je me ménage, et j’observe rigoureusement les prescriptions des médecins. Merci bien ! je ne veux pas retomber malade. C’est une vilaine affaire. Il y a tant de besogne et il ne faut pas que Nadescha Konstantinova[1] et Maria Illinicha[2] aient encore une fois ces soucis — et la peine de me soigner… Eh bien ! même quand je n’étais pas