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LE BOUTE-CHARGE

il a les traînards en horreur ; avec lui, qu’il s’agisse d’astiquer une bride ou de pousser une charge, il faut donner de l’avant ; malheur à ceux qui restent derrière. À première vue, il effraie les conscrits par son apparence sévère, sa parole sèche. Mais sous sa rudesse extérieure, dans cette physionomie bien ouverte, intelligente, sous les lignes osseuses du visage, on a bientôt fait de discerner tous les mâles sentiments qui plaisent dans un soldat. Il déteste la punition, mais frappe dur quand il le faut. Ses cavaliers ont en lui une confiance aveugle. Ils savent qu’il possède cet instinct qui fait reconnaître à l’officier comment il doit agir dans les circonstances les plus périlleuses ; ils savent qu’il est aussi prudent qu’audacieux, et disent communément : « Si nous faisons campagne, pas de danger que Fritz nous mette jamais dans de mauvais draps. » Et ils sont persuadés que, même sous la mitraille, la seule présence de leur officier suffira pour les protéger.