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LE BOUTE-CHARGE

— Morin, courez au trot, ouvrir les auges… L’adjudant est furieux !… »

… Par ce que la fureur est le propre d’un adjudant : c’est sa vie, la condition sine qua non de son grade. Un adjudant de bonne humeur est peut-être un homme, un militaire, un grade, un monstre, tout ce que l’on voudra ; mais ce n’est plus un adjudant. Et il n’y a guère à lui en vouloir de cette perpétuelle mauvaise humeur.

Satan eût dû nommer saint Antoine adjudant. C’en eût été fait de l’héroïque résistance du saint. À s’acquitter de ces dures, méticuleuses et pénibles fonctions, le plus doux devient fatalement grincheux.

Un chien s’est-il oublié dans un coin ?… Voyons, voyons, adjudant, mais vous dormez donc toute la journée ? — Les fumiers sont-ils mal rangés dans leur cadre ? Décidément, adjudant, nous allons nous fâcher. — Le cheval de bois a-t-il une jambe fendue ? Sonnez à l’adjudant ! crie l’officier chargé du matériel.

Il est responsable de l’agitation et du calme,