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LE BOUTE-CHARGE

au colonel, mon nouveau chef, qui voulut bien m’accueillir avec quelques paroles de bienveillance ; et, tout de suite, remettant à plus tard quelques visites d’adieu à des amis, je me dirigeai vers le quartier Dupleix, au diable, en plein Grenelle, plus loin que les Invalides, plus loin que le Champ-de-Mars, — un vrai voyage.

Il faisait doux. Les marronniers des boulevards se couvraient de cette première verdure si tendre, si délicieuse à l’œil. Il y avait du soleil, de la clarté, du bruit, de la gaîté : j’étais triste, inquiet.

Le gros Théodore m’avait soufflé à l’oreille : « Engagé volontaire ? Cinq ans de fichus, mon cher ! » Et tant de personnes graves et sérieuses m’avaient dit : « Vous voulez vous engager ? Ne faites pas cette bêtise-là ! » Tant de connaisseurs m’avaient dépeint la vie du quartier comme un long cauchemar ! Tant de camarades m’avaient parlé de la brutalité des brigadiers, de l’incurable ineptie des marchis-logis, de la tyrannie des officiers.