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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/125

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LE BOUTE-CHARGE

— Voici l’avenue bordée de jeunes platanes frileux, de part et d’autre, les champs pierreux et sauvages, la terre provençale. Un prêtre sort du cimetière. Grave sous le surplis, il s’en va vers la petite ville de garnison qui s’assoupit déjà ; l’enfant de chœur le suit en trottinant, les yeux emplorés par la bise de novembre. Sans doute, ils viennent d’enterrer quelqu’un. Mais nous ne voyons personne. Où sont les visages solennels, les redingotes noires et les coiffes blanches des paysannes venues pour escorter le défunt ?… Personne.

Ah ! voici des gens qui sortent.

Une ! deuss !… Une ! deuss !…

Ils franchissent la grille, au pas, alignant les pantalons rouges à basanes luisantes ; les bottes à éperons indiquent lourdement la cadence et les mains se balancent gantées de blanc.

Une ! deuss !… Une ! deuss !…

Un peloton à pied des dragons de la sous-préfecture défile, raide et silencieux. Bientôt les tuniques sombres et les noires crinières disparaissent au bout de l’avenue.