Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
LE BOUTE-CHARGE

harmonies du spectacle se déroulant à ses pieds.

C’est au milieu de toutes ces sublimités qu’est né le cavalier couché raide sous la terre ardue de Provence. Il ne les comprenait pas. Soit : il est bien entendu qu’un paysan ne saurait comprendre la terre. Peu lui importaient, donc, toutes ces beautés. Mais il les sentait, elles le pénétraient, l’envahissaient, demeuraient en lui, faisaient partie de son existence.

Son village est bien loin d’ici, enfoui dans la verdure qui grimpe, escalade, pénètre, règne avec ses douceurs et ses violences. À ses pieds, écoutez la rivière, Sèvre, Sarthe ou Authion, — elles se ressemblent comme des sœurs — lui murmurer en passant quelque chant de paresse avant d’aller s’endormir dans les eaux de la Loire. C’est le beau pays d’Anjou ; c’est la campagne calme et puissante étalant ses plaines blondes balafrées de longues écharpes de houx et d’aubépine ; c’est la douceur pénétrante du ciel autrefois chanté par le poète de Liré.