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LE BOUTE-CHARGE

soufflent bruyamment ; et, le nez dans la musette-mangeoire, mâchonnent leur avoine. Au deux ailes de l’éventail, l’artillerie a formé ses parcs et les canons bronzés s’endorment comme des lions las de gronder.

Triste a été notre première impression. Le froid nous a saisis. Le manteau nous protège à peine contre les étreintes malsaines de la brume du soir. Comment préparer la soupe ? Comment dormir sur ce lit plus froid que le froid de la tombe ?

Cependant, les moments de désolation passés, on se met à l’œuvre ; le bois mort ne manque pas le long des haies desséchées ; de larges espaces sont déblayés ; les brassées s’entassent et s’allument ; à courir, à donner les soins nécessaires à nos bêtes, à planter les piquets, on se chauffe ; bientôt, nous sommes assis par tribus de quatre autour des grandes gamelles ; la gaité revient ; l’entrain reprend le dessus, et les farceurs trouvent plus d’une occasion de placer des mots plus ou moins salés.