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LE BOUTE-CHARGE

champs fauchés, se préparent à la redoutable partie qu’ils auront à jouer un jour.

Mais la route, c’est l’inconnu quotidien, c’est l’imprévu de chaque gîte. Mille préoccupations tiennent le cavalier en éveil et lui font enfin comprendre tous ses devoirs. Il a alors l’inquiétude constante de son cheval. — Comment supporte-t-il la fatigue ?… — Mange-t-il bien ?… Sera-t-il blessé par quelque défaut du harnachement ou quelque maladresse ! — Et il étudie anxieusement le moindre bouton de chaleur qui apparaît sur les reins de la bête, les plus minces crevasses qui s’ouvrent au paturon, il apprend à se passer le plus possible du vétérinaire et du sellier ; pose lui-même des bandes de toile cirée aux panneaux de la couverture, cherche à acquérir en selle une position régulière qui ne fatigue pas sa monture, visite ses effets avec un soin minutieux, met une sorte d’amitié à entretenir ses armes. De toutes ces circonstances ou les hommes sentent le besoin de s’aider, de se rapprocher encore, naît une fraternité latente mais irrésistible qui les unit