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LE BOUTE-CHARGE

leur soupe dans la marmite que le vieux leur prête en maugréant. Triste journée, grosse dépense. Le budjet se trouve grevé de vingt ou trente sous. Heureusement ils espèrent une hausse pour demain ou tout au moins un statu quo.

Quelquefois, tout le peloton est casé dans la même auberge. Alors, les hommes mettent leurs rations en commun ; on nomme un cuisinier qui trouve moyen de confectionner un ragoût généralement déclaré mirifique ; on fait une collecte dont le montant est destiné à arroser le repas. Les cavaliers se forgent ainsi de bonnes soirées pendant lesquelles ils cultivent l’anecdote poivrée. J’ai pu écouter un soir un véritable concert. Quelques joyeux compères de mon peloton avaient appris d’avance un certain nombre de chansonnettes comiques, des chœurs guerriers, une petite saynète à deux personnages. Dans l’après-midi ils avaient fait annoncer par le tambour du village une grande représentation dramatique et lyrique gratuitement offerte aux habitants