Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
LE BOUTE-CHARGE

ou blessée. Qui sait si un mot n’eût pas chassé bien loin notre rêve à tous deux !

Et qu’eussé-je pu lui dire ? Par quelle odieuse banalité d’entrée en matière eussé-je pu me faire pardonner l’inconvenance d’une pareille démarche ?

Qui était-elle ? La noblesse de son maintien et cette douce dignité féminine qui n’appartient qu’aux femmes qui ont reçu l’éducation du cœur autant et plus que celle de l’esprit me faisaient pressentir qu’elle se fût offensée de toute tentative de rapprochement. Arrivés le matin, nous repartions le lendemain. Mieux valait m’enivrer de toutes les délicatesses de l’heure présente pour emporter d’elle un de ces pâles souvenirs comme tout homme en trouve dans les replis cachés de sa pensée — et peut-être lui laisser de moi les mêmes impressions.

Nous continuâmes donc notre causerie sans rien nous dire. Lorsqu’elle était obligée de rentrer à l’intérieur, elle savait si bien me faire comprendre, sans même un geste, qu’elle allait revenir ! Et toujours je revoyais ce regard