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LE BOUTE-CHARGE

sous à Bernard. Mais celui-ci ne voit pas la belle pièce blanche. Il est en arrêt devant Fend-l’Air, et, dans la dernière étreinte de son regard, il murmure : « Au revoir, vieux…, au revoir ! » Le paysan en profite pour entraîner la bête, hâtant le pas, de peur d’un retour de ce cavalier qui ne voit pas les pièces d’argent et qui se sauve à grandes enjambées, sans tourner la tête.

Le pauvre gars avait éprouvé autrefois impression semblable : c’était au pays, à l’enterrement d’un bon ami. Et cette rentrée au quartier, la couverture de son cheval roulée sous le bras, rentrée silencieuse, avec l’appréhension d’une solitude désormais irrémédiable, lui donne bien la sensation d’un retour de cimetière…

Longuement, il contempla la place vide de son vieux. Et comme la vision lui passait soudain devant les yeux, d’un alezan maigri, tirant péniblement une charrue qui s’enfonce dans les mottes grasses des champs jaunes à perte de vue, brusquement il se prit à pleurer.