Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
70
LE BOUTE-CHARGE

Malgré tout, Marc se sentit horriblement triste en arrivant au régiment. Il songeait qu’il allait passer de longues années inutiles, que sa paie allait faire défaut à la maison ; qu’en rentrant, il aurait perdu toute son habileté : qu’on ne voudrait peut-être plus de lui à la grande fabrique d’acier de MM. Jonsthon, Nerval et Cie.

Mais comme c’était un honnête cœur, il n’essaya pas de bouder, se mit bravement à l’œuvre. Au bout de quelques semaines, il n’avait pas son pareil pour astiquer une bride, fourbir un fourreau de sabre. À la manœuvre, il montrait une bonne volonté que rien ne décourageait, dédaignant de se faire porter malade, comme tant d’autres conscrits, pour une écorchure au genou, causée par le trot du cheval, se raidissant contre la fatigue et surtout contre la tristesse.

Esprit large, intelligence ouverte aux plus nobles conceptions, il n’avait pas tardé à deviner ce qu’il y a de grand, de passionnant dans ces hautes études de la défense organi-