— Je vois que vous portez l’épée, messieurs, dit-elle d’une voix qui tremblait légèrement. C’est une honte que des gentilshommes penètrent ainsi dans une maison comme des malandrins… Sortez !
— Jour de Dieu ! Qu’elle est belle ainsi ! s’écria le roi d’une voix ardente.
Et, s’avançant, la toque à la main :
— Belle enfant, quel inexpiable crime que d’encourir votre colère ! Mais vous pardonnerez quand vous saurez quel amour vous avez inspiré et quel homme vous aime…
— Monsieur ! Monsieur ! Sortez ! dit-elle toute frémissante d’indignation et d’effroi…
— Sortir ! Soit ! Mais avec vous ! Oh ! si tu savais, enfant, comme je t’aime ! Comme mes veines brûlent d’une passion jeune ! Veux-tu la fortune ? Veux-tu la puissance ? Viens ! oh ! viens ! Tu seras une reine !
— Horreur ! Infamie ! À moi ! À l’aide !
Le roi, brusquement, la saisit dans ses bras.
Elle eut un cri d’épouvante, essaya de se débattre.
Mais l’athlétique ravisseur déjà l’emportait en courant.
— À moi ! au secours ! À l’aide !
— Par Notre-Dame ! L’enfant regimbe !
— À l’aide ! cria encore Ginette, mais d’une voix déjà affaiblie.
Fou de passion, la main brutale, François Ier cherchait à étouffer les cris de la jeune fille.
En quelques bonds, il avait franchi le jardin et gagné la rue.
— À l’aide ! au secours ! gémit Gillette.
— Que quelqu’un ose donc te venir en aide ! gronda François Ier, furieusement.
— Holà ! cria dans la nuit une voix jeune qui résonna soudain comme une fanfare. Holà ! Quels sont ces truands d’enfer qui font pleurer les femmes ! Lâches ! Je vais, du plat de mon épée, vous montrer comme on traite les larrons !
— Au large ! cria Sansac, ou tu es mort !
— Il me plaît d’être à l’étroit, moi ! répondit la voix. Épée contre épée ! Par le ciel ! Ce sont des gentilshommes ! Voleurs de femmes, est-ce la corde ou le billot que vous choisissez ?
Celui qui parlait ainsi apparut alors dans le faible rayon de lumière de la fenêtre.