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LUCIUS.


mes compagnons me faisaient une guerre à outrance.

XXIX. Souvent aussi on m’envoyait jusqu’en haut de la montagne chercher du bois sur mon dos. C’était là le couronnement de mes infortunes. D’ahord il me fallait gravir une montagne escarpée, par un chemin à pic ; ensuite, toute la route n’était que pierres, et je m’écorchais les pieds sur les cailloux. Pour me conduire, on envoyait un vrai petit scélérat d’enfant qui avait toujours quelque nouvelle invention pour m’assassiner. J’avais beau courir, il n’en frappait que plus fort. Encore s’il avait eu un bâton ordinaire ! le sien était armé d’une foule de nœuds pointus, et il appliquait toujours les coups au même endroit de la cuisse ; si bien que j’en avais la place tout écorchée, et le petit misérable allait bétonnant toujours sur la plaie ; sans compter qu’il me mettait sur le dos des charges à écraser un éléphant. La descente était raide et difficile ; il n’en frappait que de plus belle. Si ma charge se dérangeait et penchait d’un côté, il se gardait bien de retirer du bois pour le reporter ëg côté le moins lourd et rétablir l’équilibre ; il ramassait sur la route de grosses pierres et les ajoutait du côté où le bât remontait parce que la charge était moindre. Et je descendais ainsi, infortuné baudet, avec un énorme poids de bois et de pierres inutiles. La route coupait un ruisseau oix il y iavait toujours de l’eau : de peur de gâter sa chaussure, il sautait sur mon dos derrière le bois, pour le traverser.

XXX. Quand il m’arrivait de me laisser choir sous la charge et l’excès de la fatigue, alors vraiment mon sort était intolérable : car, de descendre pour me donner un coupde main, me relever, et m’ôter, au besoin, une partie du fardeau, il n’y fallait pas songer. Au lieu de sauter à bas et de m’aider, il commençait à me donner de son bâton sur la tête et les oreilles, jusqu’à ce que les coups m’eussent relevé. Ce n’était rien encore en comparaison d’une autre invention infernale