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LUCIUS.


de notre chambre, et à travers une fente il me montre couché avec ma dame. Le maître s’en amusa beaucoup, et songea tout aussitôt à faire jouir le public de ce spectacle. Il recommanda aux gens de la maison de n’en rien dire à personne : « Car je veux, disait-il, que nous puissions, le jour de la représentation, le produire sur le théâtre avec quelque condamnée, et qu’il la caresse aux yeux de tout le monde. » Dans ce but on m’amena une femme condamnée aux bêtes, à qui on ordonna de m’approcher et de me caresser.

LIII. Finalement, arrivé le jour où mon maître donnait les réjouissances, on résolut de m’introduire au théâtre. Voici en quel équipage j’y entrai : on avait disposé un grand lit, formé d’une tortue de l’Inde, incrustée d’or. On m’y coucha, la femme à côté de moi. Puis on nous plaça sur une machine qui nous transporta dans l’intérieur du théâtre, et nous déposa au milieu. Quand je parus, il n’y eut qu’un cri sur tous les bancs ; on m’applaudissait, on me battait des mains à outrance. Une table était dressée pour nous, et sur la table un vrai festin de gourmets. Des serviteurs nous entouraient ; pour échansons, de beaux jeunes gens qui nous versaient le vin dans des coupes d’or. Mon gardien, placé derrière moi, me commanda de dîner. Mais j’éprouvais une certaine honte de me voir ainsi couché sur le théâtre ; en même temps j’avais peur que de quelque coin un ours ou un lion ne s’élançât sur moi.

LIV. Pendant ce temps passe devant moi quelqu’un qui portait des fleurs, au milieu desquelles je découvre des roses fraîches. Sans hésiter un instant, je m’élance et je saute à bas du lit. On s’imaginait que je me levais pour danser ; mais je me mets à parcourir les fleurs, je choisis les roses une à une et je les broute. On continuait à me regarder avec l^ même stupéfaction, lorsque tout à coup tombe et s’évanouit cette apparence de