Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/110

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L’histoire de l’agent, fin matois qui écrivit en ex-libris sur l’un de ces feuilletons de chevet : « Jacques Rodot dit Mort-aux-Vaches », appelle aussi une autre histoire, celle de ce sergent de ville que le jury vient d’acquitter sans la plus petite hésitation.

Le gardien de la paix Lelièvre, encore un lapin de la boîte, rencontrant dans un cabaret de la rue Turbigo une jeune femme qu’accompagnait son mari, un ouvrier, trouva plaisant d’éjaculer les plus ignobles propos. Badin, ainsi qu’on l’est dans le métier, il s’enhardit à ce point de prendre la jeune femme par la taille. Comme le mari intervenait, l’agent de l’autorité étendit le gêneur raide mort d’une balle de son revolver — de son revolver d’ordonnance.

Il n’avait tué qu’un maçon.


Cadavres de petites gens, vous pesez peu dans la balance !

Une fille de joie, un homme du peuple…

Messieurs de la Cour et du Jury ne s’irritent contre l’inculpé que s’il eût l’audace de s’attaquer à la propriété bourgeoise — au coffre-fort ou au dogme. Les non-lieux dont il est question servaient, au contraire, avec zèle. Ils étaient les fidèles chiens de garde.