Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/163

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qui subirent la provocation par le roman et par l’image, il convient de citer la foule des humbles victimes qui sombrèrent dans le Panama.

Peu de riches y laissèrent de l’or. L’escroquerie était populaire. Les Robert Macaire de la combinaison avaient choisi particulièrement les Bertrand du Petit Journal pour chauffer l’affaire dans le peuple. Petits cultivateurs, petits rentiers, la clientèle de Marinoni, fut savamment exhortée à verser ses économies.

Tout le bas de laine y passa.

Je ne vais pas m’apitoyer sur le sort de ces petits capitalistes, de ces joueurs naïfs qu’on a volés ; mais je veux noter que le compère qui leur conseillait de ponter se gardait bien d’y aller de sa mise. Le bonhomme, tout au contraire, sachant que l’affaire était mauvaise, imposait, pour la recommander, des tarifs de publicité comme il n’en osa jamais plus. De sorte que le Petit Journal mit des millions dans ses coffres, tandis qu’aux villages, aux hameaux, où sa propagande porta, un peu partout dans le pays, il y eut des ruines et des suicides…


On peut être fier au Petit Journal fier de ses œuvres, fier de son papa — c’est une vertueuse maison que la maison du Petit Journal.

Et c’est une belle institution, solide et bien établie, usine de mensonges pour les simples,