Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/188

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affranchies avec des timbres étrangers ! Il y avait aussi des télégrammes et de vieux journaux — le nègre triomphait. Et comme je me disposais à le presser de questions.

— Inutile, fit-il, je suis pressé… Vous lirez ça.


Le Syndicat de Trahison


J’ai lu les papiers du nègre.

Dès que cet homme fut parti, je me mis fiévreusement à classer le dossier : lettres d’un côté, journaux de l’autre ; lettres salies de suscriptions anglaises ou belges. J’en ouvris une, j’en ouvris dix ; invariablement, ou presque, les missives commençaient ainsi :


« J’ai vu la Patrie du jour. Compris. J’envoie l’argent… »


Avec une prudence dont la signification n’échappera à personne, les louches correspondants, comme s’ils s’étaient donné le mot d’ordre, évitaient d’écrire le nom propre « Millevoye » ; mais sous leur plume revenaient sans cesse les mots « Patrie », « notre journal », « la Patrie ».

Était-ce, là, l’œuvre d’un faussaire ? Je voulais le croire ; je voulais espérer. Mais l’hypothèse tombait d’elle-même : un télégramme fermé encore (intercepté, qui sait comment ?) portait l’adresse précise d’un personnage connu à Lon-