Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/306

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Ceux-là, par ces temps troublés, ne sont pas dupes des apparences : ils savent que si tu parles de supprimer tes hussards, tu doubles, contre tes moujicks, le nombre de tes gendarmes.

Ils se doutent bien d’autre chose.

Ils pensent, à propos de « l’Affaire » qui remplace avantageusement la vieille Question d’Orient, que le militarisme a fait ses preuves, et que même démocratisée l’Armée n’en vaudrait pas mieux. C’est contre l’Armée qu’ils sont — la qualifiât-on nationale ! S’ils ont revêtu, quelque jour, la tunique aux boutons de cuivre, ils n’en concluent pas pour cela qu’ils en sont de cette armée ; ils n’en sont pas plus, en somme, que les détenus libérés ne sont des Maisons Centrales. Le renouvellement du personnel galonné ne les intéresse pas : toutes les épaulettes se valent. C’est contre l’Armée qu’ils marchent.

Ils croient que la Magistrature, cour de Cassation comprise, est une louche association au service des capitalistes. Ils sont contre la Magistrature — la prétendît-on épurée ! Le respect de la Légalité ne les passionne pas : ils observent qu’au nom de cette légalité tous les jours on frappe des hommes dont le crime fut d’avoir eu faim et de s’être redressés, pour vivre. La plus grande infamie du siècle n’est pas, selon eux, telle injustice ; mais bien « la Justice »,