Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Mais assez causé de militaires. Et ne parlons plus de Vacher. Aussi bien toute actualité n’est qu’un prétexte à penser.

Le cas du sous-off enragé nous intéresse plutôt par la façon dont on l’exploite. La culture du goût du sang — la culture par la voie de la presse.

Cela c’est plus que de l’actualité. C’est d’hier, d’aujourd’hui, de demain.

Les journaux débiteront, toujours, tant d’assassinats pour un sou. Sans autre vouloir que la recette, toujours ils mettront le mot aguicheur de populace. Et toujours ils détailleront saligauderies et violences relevées, suivant la formule, de poudrette sentimentale.

Dans les gazettes un peu cossues d’habitude on donne cent sous à l’écrivain de la maison qui trouve la plus belle manchette.

Était-ce joli : le Tueur de Bergers ? Et poétique et pittoresque ?… Ce soir, ils trouveront autre chose.

Ils savent l’art d’accommoder les restes des assassinés. Ils pomponnent les fillettes flétries, les bergerettes déchiquetées. Ce sont des Watteau de barrière qui enrubannent, pour le peuple, les bons couteaux à virole.