Galata, c’est la cité remuante, les bureaux des expéditeurs, les hôtels pour passagers pauvres, les cabarets à matelots, les rues boueuses aux larges flaques qu’il faut sauter.
C’est le quartier des abattoirs où l’on égorge selon le rite musulman : il y a du prêtre et du boucher. D’un geste de son inoffensive épée l’officiant fait un simulacre, les aides, au moyen de cordes, jettent le bœuf à terre, maintenant sa tête à la renverse, la prompte lame d’un coutelas coupe l’artère à la gorge, le sang gicle et avant même que la bête soit morte, on l’écorche, on la dépèce ; une autre vient chancelante, tirée, poussée par les hommes au tablier de cuir tacheté de rouge, la bête trébuche et c’est sur les gigotements des égorgées qu’on écorche ; l’officiant renouvelle son geste : il y a du prêtre et du boucher.
Galata, c’est le quartier brutal où les chiens errants sont plus maigres.
Presque chaque carrefour a sa meute attitrée qui jamais n’incursionne dans une rue voisine.