Page:Zo d’Axa - Endehors.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

foi, les trois augures placés derrière le comptoir affectaient de ne rien écouter du tout. Ils se livraient à des exercices les mieux variés.

Le sieur président de Boislile, qui se trémoussait au milieu, n’était pas le plus banal avec sa tête de vieux faune guetté par le gâtisme. Il s’amusait à jouer au cochonnet avec des petites boulettes de papier.

À son côté, le sieur Bastide s’étirait, les manches retroussées, exhibant du linge qui avait été blanc, se renversant à droite sur son fauteuil, se recouchant vers la gauche et grattant avec des ongles rageurs une barbe à pellicules.

Le sieur Bidet de l’Isle, lui, laissait errer de grimaçants rictus sur sa physionomie de maniaque en poursuivant con amore la lecture du Fin de Siècle. Quelquefois il feuilletait une collection des Beautés Parisiennes. Certes il ne restait inactif et nous ne l’avons vu qu’à deux reprises hypnotiser son regard de buveur triste sur un petit carafon de cognac placé près de ses fournitures de bureau.