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Page:Zola - Contes à Ninon, 1864.djvu/264

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AVENTURES DU GRAND SIDOINE

Le peuple aurait fini par ne plus reconnaître son roi du moment, dans une parenté devenue nombreuse à la longue et fort embrouillée, sans la bonhomie mise par les princes eux-mêmes à se faire reconnaître. Parfois il se présentait telle circonstance où un roi était d’une nécessité absolue. Comme, à tout prendre, le cours ordinaire des choses est préférable, les sujets sommaient leur maître légitime de se nommer. Alors celui qui possédait le bâton de bois doré dans un coin de sa maison le prenait modestement et jouait son personnage, quitte à se retirer, la farce jouée. Ces courtes apparitions d’une majesté mettaient un peu d’ordre dans les souvenirs de la nation.

Il faut le faire remarquer, au grand honneur de la famille régnante, jamais, à l’appel du peuple, deux rois ne s’étaient présentés ; entre héritiers, le fait mérite d’être constaté : pas d’arrière-neveu envieux du gros lot échu à la branche aînée. Je ne puis affirmer cependant que l’aimable Primevère fût issue directement du roi fondateur de la dynastie. Tu le sais de reste, on n’est pas toujours la fille de son père. En toute certitude, la dignité de reine s’était transmise jusqu’à elle, d’après les lois civiles de parenté. Elle avait dans les veines un sang rose où peut-être pas une goutte de sang royal ne se trouvait mêlée, mais qui certainement gardait encore quelques atomes du sang du premier homme. Magnifique exemple, pour les peuples et les princes de nos contrées, que cette dynastie se développant