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ET DU PETIT MÉDÉRIC

à se souciait du miroitement du jour et de la nuit.

Les voyageurs venaient de rentrer dans l’hémisphère éclairé. Médéric mit le nez dehors.

— Mon mignon, dit-il, dans les sciences naturelles, l’étude la plus intéressante est celle des diverses races d’une même espèce animale. D’autre part, l’étude de l’espèce humaine offre un attrait tout particulier aux savants, car elle affirme avoir coûté au Créateur toute une journée de travail et n’être pas de la même création que les autres créatures. Nous allons donc examiner les différentes races de la grande famille des hommes. Reste au soleil, afin de voir nos frères et de lire sur leurs faces la vérité de mes paroles. Dès le premier regard, tu peux t’en convaincre, leurs visages, pour l’observateur désintéressé, est aussi laid en tous pays. Dans chaque contrée, je le sais, ils trouvent, chez certains d’entre eux, une rare beauté de lignes ; mais c’est là une pure imagination, puisque les peuples ne s’accordent pas sur l’idée de beauté absolue et que chacun adore ce que dédaigne le voisin ; une vérité est vraie, à la condition d’être vraie toujours et pour tous. Je n’appuierai pas davantage sur la laideur universelle. Les races humaines, — tu les vois à tes pieds, — sont au nombre de quatre : la noire, la rouge, la jaune et la blanche. Il y a certainement des teintes intermédiaires ; en cherchant, on arriverait à établir la gamme entière, du noir au blanc, en passant par toutes les couleurs. Une question, la seule que je veuille approfondir aujourd’hui, se pose d’abord pour