Page:Zola - Fécondité.djvu/125

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— Vous savez que vous êtes toutes deux au même point, elle attend l’événement, comme vous, vers le premier mars. Jeudi, tâchez donc de vous entendre, n’allez pas choisir le même jour, car je ne puis être à la fois chez l’une et chez l’autre.

— Et notre cousine Constance, votre cliente aussi, demanda plaisamment Mathieu, elle n’en est donc pas, pour que la fête soit complète  ?

— Oh  ! non, non, elle n’en est pas. Vous vous rappelez qu’elle a fait le serment de n’en être jamais plus, et celle-là sait s’arranger de façon à tenir sa parole… Je souhaite qu’elle s’en trouve bien.

Il s’était levé, il allait partir, lorsque l’invasion dont il était menacé, se produisit. Sans qu’on se méfiât, les enfants venaient de quitter leurs chaises, puis s’étaient mis en campagne, après s’être concertés d’un coup d’œil. Et, tout d’un coup, le bon docteur eut les deux aînés sur les épaules, tandis que le cadet l’empoignait par la taille et que la fillette lui grimpait aux jambes.

— Hue, là  ! hue  ! Fais le chemin de fer, dis  !

Ils le poussaient, le secouaient, avec des rires, des rires encore, égrenant sans fin des notes de flûte. Le père et la mère s’étaient précipités à son secours, indignés, grondant. Mais lui, les calmait.

— Laissez, laissez donc, ils me disent bonjour, ces mignons  ! Puisque, comme m’en accuse notre ami Beauchêne, c’est un peu ma faute, s’ils sont venus au monde, il faut bien que je les supporte… Ce qu’ils ont surtout de gentil, voyez-vous, vos enfants, c’est qu’ils se portent bien, comme la maman qui les a faits. Pour l’instant, ne leur en demandez pas davantage.

Et, lorsqu’il les eut remis sur le parquet, avec de gros baisers, il prit les deux mains de la mère, en ajoutant que tout allait à merveille, qu’il partait tranquille, qu’elle n’avait qu’à continuer. Et, comme le père l’accompagnait