Page:Zola - Fécondité.djvu/129

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quille conviction qu’ils étaient la force, et la santé, et la beauté.

Mais, quand on fut arrivé aux grands arbres dénudés, il fallut asseoir un instant Rose sur un banc, où le soleil, heureusement, donnait encore. Il ne faisait pas chaud, l’astre baissait, on dut se hâter un peu pour le retour. Cela fut très bon tout de même, ce froid vif qui piquait la figure, ce vaste ciel qui devint d’un or pâle légèrement rosé. Les pieds des garçons tapaient plus fort, la fillette amusée ne pleura pas. Il était trois heures, lorsque le père et la mère, grisés de la joie du grand air libre, ravis de la promenade, poussèrent devant eux le pensionnat, en tournant le coin de la rue de la Fédération. Et là encore des gens s’attroupèrent, les regardèrent passer, mais de bonnes gens sans doute, car ils riaient de ces beaux enfants, avec des coups d’œil gaillards au papa et à la maman, qui allaient si vite en besogne.

En rentrant, un peu lasse, Marianne s’allongea sur une chaise longue dans le salon, où Mathieu, avant de sortir, avait commandé à Zoé d’allumer un bon feu, pour le retour. Et les enfants, rendus un instant très sages par la fatigue, écoutaient, autour d’une petite table, la lecture d’un conte que Denis leur faisait, lorsqu’il vint une visite. C’était Constance, qui, revenant d’une promenade en voiture, avec Maurice, avait eu l’idée d’entrer prendre des nouvelles de Marianne, qu’elle ne voyait guère ainsi que tous les trois ou quatre jours, bien qu’un jardin séparât seul l’hôtel du pavillon.

— Est-ce que vous êtes plus souffrante, chère amie ? demanda-t-elle, dès l’entrée, en la voyant à demi étendue.

— Oh ! non. Je viens, au contraire, de faire une promenade à pied de deux heures, et je me repose.

Mathieu avait avancé un fauteuil à la riche et vaniteuse cousine, qui, d’ailleurs, s’efforçait de se montrer