Page:Zola - Fécondité.djvu/135

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— Si, si, je comprends… Seulement, que voulez-vous ? je suis si loin de tant de calculs, qu’il m’est sans doute difficile d’en sentir la justesse. Vous m’étonnez et vous me faites de la peine… Des enfants poussent, il faut bien les accepter, c’est quand même de la joie et de la richesse qui viennent. Rien n’est plus simple.

Valérie protesta, avec de nouvelles larmes.

— Allez donc dire ces choses à mon pauvre mari, qui est si désolé et tout honteux, depuis le beau coup qu’il a fait. Il n’en sort plus. Tenez ! aujourd’hui dimanche, savez-vous où il est ? Il est resté à la maison pour travailler, il gagne quelques sous, en dehors de son bureau… Mais, s’il le faut, j’aurai de la volonté pour lui. Il est si faible et si bon !

Puis, les pensées qu’elle ne disait pas, semblèrent l’affoler tout d’un coup. Elle se tordit les mains, elle bégaya, au milieu de ses sanglots :

— Non, non ! je ne suis pas, je ne peux pas être enceinte ! Non, non ! ce ne sera pas, je ne veux pas !

Et elle se débattait, dans une telle souffrance, que Marianne, renonçant à lui donner de bonnes raisons, la prit tendrement entre ses bras, pour soulager sa peine, d’autant plus qu’elle craignait que ses larmes ne fussent entendues de la pièce voisine, où retentissaient les grands rires des enfants. Et, quand elle lui eut séché les yeux, elle l’y emmena.

— À table ! à table ! criaient les garçons, en tapant des mains et des pieds.

C’était charmant, cette table dressée pour le goûter, sur laquelle Mathieu, aidé de Reine, achevait de disposer, par amusement, quatre compotiers symétriques, qui contenaient des gâteaux et des confitures. En voulant s’en mêler, les trois garçons retardaient tout, tandis que Rose manquait de tout casser. Mais on s’amusait tant, et Reine était si gentille, en petite ménagère ! Elle se mit à