Page:Zola - Fécondité.djvu/155

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chez Gaude, un heureux commencement d’exécution. Et il ne put se tenir, dans son besoin d’étonner le jeune ménage qui était là, par un appel au néant, qu’il jugeait d’une abomination élégante et supérieure.

— Ah ! malades ou non, qu’il les coupe donc toutes ! Ça sera plus tôt fini.

Sérafine seule s’égaya. Le mot fit horreur à Marianne. Elle s’était assise, prise de malaise, regardant surtout Santerre, dont elle se souvenait d’avoir lu le dernier roman : une histoire d’amour qui lui avait paru imbécile, tant la haine de l’enfant y éclatait en inventions raffinées et saugrenues. Mort à l’enfant, tel était donc le cri de ce monde heureux, gâté d’égoïste jouissance et de subtile déraison. Et, d’un regard, elle dit à Mathieu sa lassitude, son désir de rentrer chez eux, à son bras, doucement, par les quais ensoleillés. Lui, dans cette vaste pièce, encombrée de merveilles, souffrait aussi, d’une telle démence, au milieu d’une si rare richesse. Était-ce donc la rançon d’une civilisation trop aiguë, cette rage impuissante contre la vie, qui ne rêve plus que de la détruire ? Il étouffa, ainsi que sa femme, et il lui fit signe de prendre congé.

— Comment, vous partez déjà ! s’écria Valentine. Je n’ose vous retenir, si vous sentez quelque fatigue.

Puis, comme Marianne la chargeait d’embrasser pour elle ses deux enfants :

— C’est vrai, vous ne les avez pas vus ! Non, non, attendez, je veux que vous les embrassiez vous-même.

Mais, lorsque Céleste eut paru, au coup de sonnette, elle dit que monsieur Gaston et mademoiselle Lucie venaient de sortir avec l’institutrice. Et ce fut une tempête nouvelle, Séguin demanda furieusement à sa femme depuis quand l’institutrice se permettait d’emmener ainsi les enfants, sans rien dire. Alors, quand on voulait avoir les enfants pour les embrasser, on ne les