Page:Zola - Fécondité.djvu/240

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Vers la fin du dernier été, ils s’étaient liés avec les Froment d’une façon étroite, à la suite de quotidiennes rencontres.

« On peut entrer, on n’est pas trop indiscret ? » cria, du palier, la voix sonore d’Angelin.

Et, lorsque Mme  Angelin, toute vibrante de la promenade au soleil printanier, eut embrassé Marianne, elle s’excusa de venir de si bonne heure.

« Imaginez-vous, ma chère, nous avons su, hier soir seulement, que vous étiez ici de la veille. Nous ne vous attendions que dans huit à dix jours… Alors, comme nous passions devant chez vous, nous n’avons pu résister, nous avons voulu savoir… Vous nous pardonnez, n’est-ce pas ? »

Puis, sans attendre la réponse, avec une pétulance de mésange étourdie, grise de grand air :

« Le voilà donc, ce nouveau petit monsieur ? Un garçon, n’est-ce pas ? Et tout s’est bien passé, je le vois. Oh ! avec vous, ça se passe toujours bien… Mon Dieu ! qu’il est encore petit et mignon ! Regarde donc, Robert, comme il tète gentiment. On dirait une vraie poupée… Hein ? est-il drôle, est-il drôle ! C’est tout à fait amusant. »

Le mari, en la voyant s’égayer, s’approcha, s’émerveilla, pour dire comme elle.

« Ah ! oui, celui-là est vraiment gentil… J’en ai vu d’affreux, qui restent maigres, violets, pareils à des poulets plumés… Lorsqu’ils sont blancs et gras, c’est agréable.

— Mais, s’écria Mathieu en riant, quand le cœur vous en dira, vous en aurez un pareil. Vous êtes faits tous les deux pour en fabriquer un superbe.

— Non, non, c’est ce dont on n’est jamais sûr… Et puis, vous savez que Claire n’en veut pas un avant trente ans. Encore cinq ans à attendre, à vivre un peu pour