Page:Zola - Fécondité.djvu/304

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de date. Cependant, ils convinrent qu’ils se reverraient, pour régler les derniers détails, avant de faire dresser l’acte. Et, vers dix heures un lundi, Mathieu se dirigea donc vers l’hôtel de l’avenue d’Antin afin de terminer l’affaire.

Ce matin-là, justement, Céleste, la femme de chambre, reçut, dès huit heures, dans la lingerie où elle se tenait d’habitude, la visite de Mme Menoux, la petite mercière de la rue voisine, dont les couches avaient si fort intéressé Mme Séguin, enceinte alors et terrifiée. La mercière ne pouvait ainsi s’échapper un moment de son étroite boutique, que de très bonne heure, en la faisant garder par la petite fille de sa concierge. Elle attendait que son mari, un ancien soldat, un bel homme qu’elle adorait, et dont elle était adorée, fût parti pour le musée où il occupait un emploi de gardien ; et elle se hâtait de courir à ses courses, elle revenait vite gagner, dans le trou obscur ou le ménage avait à peine la place de remuer les coudes, les quelques sous qui, joints aux appointements du mari, les faisaient presque riches. Ses relations de voisinage avec Céleste s’étaient resserrées depuis que la Couteau avait emmené son enfant, le petit Pierre, à Rougemont, pour l’y mettre en nourrice, dans les meilleures conditions possible, à trente francs par mois. Même la Couteau, très complaisante, avait offert de venir, chaque mois, à l’un de ses voyages, toucher les trente francs, ce qui éviterait l’ennui de l’envoi par la poste, et ce qui permettrait à la mère d’avoir des nouvelles fraîches du petit. Aussi, dès l’échéance, si la Couteau était en retard d’un seul jour, Mme Menoux s’effrayait-elle, accourant près de Céleste, toujours heureuse, d’ailleurs, de causer un instant avec cette fille, qui était du pays où son Pierre se trouvait.

« Vous m’excuserez, n’est-ce pas ? mademoiselle, de vous déranger si matin. Vous m’avez dit que votre dame