cédait l’ancien pavillon de chasse, ainsi que vingt hectares de terre, en lui réservant la faculté de pouvoir acquérir de nouveaux morceaux du domaine, à de certaines conditions, il trouva Séguin près de partir pour Le Havre, où l’attendait un ami à lui, un riche Anglais avec son yacht, pour une promenade d’un mois, sur les côtes d’Espagne. On racontait que ces messieurs emmenaient des femmes.
« Oui, dit-il fiévreusement, faisant allusion à de grosses pertes au jeu, je quitte Paris, je n’y ai pas de chance, en ce moment… Et vous, cher monsieur, bon courage et bonne réussite ! Vous savez combien je m’intéresse à votre tentative. »
Mathieu traversait les Champs-Élysées, ayant hâte de rejoindre Marianne, à Chantebled, tout ému de l’acte décisif qu’il venait de faire, tout frémissant aussi d’espérance et de foi, lorsque, dans une allée déserte, il eut une singulière vision. Un fiacre stationnait, où il reconnut le profil sournois de Santerre. Et, comme une femme, voilée et furtive, y montait vivement, il se retourna : n’était-ce pas Valentine ? Il en eut la certitude, pendant que, stores baissés, le fiacre disparaissait.
Puis, dans la grande allée, ce fut encore une double rencontre : d’abord, Gaston et Lucie, tout de suite las d’avoir joué, traînant leurs mines chétives, sous la surveillance distraite de Céleste très occupée en ce moment à rire avec un garçon épicier du voisinage ; tandis que, plus loin, la Catiche, superbe, souveraine, parée telle que l’idole orgueilleuse de l’allaitement vénal, promenait la petite Andrée, en faisant ruisseler au soleil ses longs rubans de pourpre.