Page:Zola - Fécondité.djvu/396

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de savoir sa fille reçue dans un pareil château. Et qu’elle s’amuse donc, ma bonne chérie, qu’elle soit heureuse ! »

Il en oubliait de boire son café. Tout d’un coup, la porte s’ouvrit il y eut une apparition extraordinaire, si imprévue, qu’un grand silence se fit. La baronne était entrée.

Béant, Morange la regardait, sans comprendre.

« Quoi donc ? c’est vous… Reine est là, vous la ramenez ? »

Machinalement, il s’était levé pour regarder dans l’antichambre croyant que sa fille s’y attardait à ôter son chapeau. Et il revint il répéta :

« Vous ramenez Reine, où est-elle ? »

Très pâle, Sérafine ne se hâtait pas de répondre, l’air résolu pourtant, debout dans sa haute taille fière, toute prête à faire face aux pires dangers et à les vaincre. Elle avait tendu à Mathieu une main glacée, mais qui ne tremblait pas, comme heureuse de sa présence. Puis, elle parla enfin, très calme.

« Oui, je vous la ramène. Elle a eu une indisposition subite, et j’ai cru prudent de la ramener… Elle est chez moi.

— Ah ! dit-il simplement, ahuri.

— Elle est un peu lasse du voyage, elle vous attend. »

Il continuait à la regarder, les yeux ronds, dans la stupéfaction que lui causait cette histoire, sans paraître en remarquer les invraisemblances, sans songer même à demander pourquoi, si sa fille était souffrante, on ne l’avait pas ramenée directement chez elle.

« Alors, vous venez me chercher ?

— Mais oui, dépêchez-vous.

— Bon ! laissez-moi prendre mon chapeau et donner des ordres à la bonne pour qu’elle prépare la chambre. »

Et il sortit, il disparut un instant, pas trop inquiet encore, si effaré, qu’il était tout à la préoccupation unique