Page:Zola - Fécondité.djvu/420

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Vous énervez la femme, vous ne contentez chez elle que le spasme, vous en restez à la satisfaction du désir, qui est simplement l’appât générateur, sans consentir à la fécondation, qui est le but, l’acte nécessaire et indispensable. Et vous ne voulez pas que, dans cet organisme dupé, bousculé, détourné de son usage, se déclarent de terribles désordres, les déchéances, les perversions !… Ajoutez que si le mari a fraudé, l’amant fraude de plus belle. C’est un assaut de toutes les heures. Dès que la peur de l’enfant ne modère plus les appétits, l’organe est mis au régime du plaisir facile, répété, exténuant. J’ai vu des cas d’un acharnement, d’une brutalité incroyables. Sans doute, je n’ose demander aux hommes la sagesse des animaux, qui ont leur saison. Mais encore faudrait-il que l’enfant ne fût pas proscrit d’une façon impitoyable, qu’on en laissât pousser un de temps à autre, pour rétablir la fonction abolie. Que de femmes malades, irritées, brisées par des pratiques frauduleuses, j’ai vues se remettre, grâce à une grossesse ! Et que d’autres sont retombées aux mêmes souffrances, dès qu’elles se sont refusées de nouveau à vivre la vie comme elle doit être vécue !… Car, vous entendez bien ! mon ami, tout est là. La nature trompée se révolte. Plus on fraude, plus on pervertit, plus la population s’affaiblit et se dégrade. On en arrive à notre fameux nervosisme moderne, à notre prochaine banqueroute physique et morale. Voyez nos femmes, comparez-les aux fortes commères d’autrefois. Nos femmes désexuées, frémissantes, éperdues, c’est nous qui les faisons, par nos pratiques, par notre art et notre littérature, par notre idéal de la famille restreinte, immolée aux furieuses ambitions d’argent et de pouvoir. Mort à l’enfant, et par là même mort à la femme, mort à nous-mêmes, à tout ce qui est la joie, la santé, la force !… Et, dites-moi, avez-vous jamais mieux senti la fin d’une société que dans cette maison, dans cette pièce aux bibelots