Page:Zola - Fécondité.djvu/49

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superbe, immobile sur le siège. Cette vue acheva d’exalter le ménage. Et, quand Sérafine, ayant fait monter l’enfant, l’installa près d’elle, ils se mirent à rire tout haut.

— Est-elle jolie ! est-elle heureuse !

Reine, à ce moment, dut avoir la sensation qu’on la regardait. Elle leva la tête, souriant, saluant. Et Sérafine fit de même, pendant que le cheval, prenant le trot, tournait le coin de l’avenue. Ce fut alors une explosion dernière.

— Regardez-la, regardez-la ! répétait Valérie. Elle est si candide ! À douze ans, elle a encore l’innocence d’une enfant au berceau. Et vous savez que je ne la confie à personne… Hein ? ne dirait-on pas une petite duchesse qui a toujours eu voiture ?

Morange reprit son rêve de fortune.

— Mais j’espère bien que, lorsque nous la marierons, elle en aura une… Laisse-moi entrer au Crédit National, tout ce que tu as pu désirer se réalisera.

Et, se tournant vers Mathieu :

— Voyons, mon cher, est-ce que ce ne serait pas un crime que de nous mettre un autre enfant sur les bras ? Nous sommes déjà trois, et c’est si dur, l’argent à gagner… On en est quitte pour se surveiller un peu, quand on s’embrasse. Ce qui ne nous empêche pas de nous adorer, n’est-ce pas, Valérie ?