Page:Zola - Fécondité.djvu/692

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aérien, soulevé par la certitude, l’œil vif, aux aguets, désireux de n’être ni vu ni entendu. Puis, il éteignit les trois lampes électriques, il plongea la galerie dans la plus complète obscurité. D’en bas, par le trou béant, montait toujours le branle de l’usine en travail, au milieu du ronflement des machines. Et ce fut alors seulement, quand tout fut prêt, qu’il prit le couloir pour se rendre enfin au petit salon de l’hôtel.

Constance l’y attendait avec Alexandre. Elle avait fait venir ce dernier une demi-heure plus tôt, elle voulait le confesser, tout en ne lui révélant rien encore de la situation vraie qu’elle lui destinait dans la maison. Comme elle jugeait inutile de se mettre d’un coup à sa merci, elle avait simplement montré le désir de faire un bon accueil à la recommandation de la baronne de Lowicz, sa parente, en lui procurant un emploi. Mais avec quelle passion contenue elle l’étudiait, heureuse de le trouver solide, résolu, la face dure, éclairée de terribles yeux qui lui promettaient un vengeur ! Elle achèverait de le décrasser, il serait très bien. Lui, sans comprendre nettement, flairait des choses, sentait que sa fortune se décidait, attendait la ripaille certaine, en jeune loup qui se résigne à se domestiquer, pour dévorer ensuite à l’aise toute la bergerie. Et, lorsque Morange entra, il ne vit qu’une chose, la ressemblance d’Alexandre avec Beauchêne, cette ressemblance extraordinaire dont Constance, le cœur saignant, venait d’être bouleversée, et qui le glaça lui-même, dans son idée fixe, comme s’il eût condamné son ancien patron.

« Je vous attendais, mon ami, vous êtes en retard, vous si exact.

— Oui, un petit travail que j’ai voulu finir. »

Mais elle plaisantait, elle était heureuse. Et, tout de suite elle régla les choses.

« Eh bien ! voici monsieur dont je vous ai parlé. Vous