Page:Zola - Fécondité.djvu/70

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de sadisme passa, les regards rieurs de la jeune femme à son mari dirent un peu des secrètes pratiques de leur alcôve, la débauche conjugale dont il la fatiguait et la dépravait, toute la fille de plaisir qu’il avait faite de l’épouse. Certains matins, elle en était brisée, la cervelle à l’envers, accoutumée aux pires déchéances, rêvant d’Anne-Marie que les baisers de Norbert n’abîmaient pas.

— Ah ! les fraudes ! s’écria Santerre, qui donnait hardiment la réplique à Valentine, ils m’amusent, avec leur campagne contre les fraudes ! Un médecin de petite ville a eu la pensée de combattre, dans un livre, toutes les fraudes imaginables, de véritables horreurs. Et il est arrivé qu’il les a simplement apprises aux paysans, qui, jusque-là, avaient ignoré comment on s’y prenait, de sorte que la natalité a décru de moitié dans le pays.

Céleste ne bronchait pas, les enfants écoutaient sans comprendre. Et ce fut au milieu des éclats de rire, soulevés par l’anecdote, que les Séguin partirent enfin, emmenés par Santerre. En bas seulement, dans le vestibule, Mathieu obtint de son propriétaire qu’il écrirait au plombier de Janville, et que la toiture serait entièrement refaite, puisqu’il pleuvait dans les chambres.

Le landau attendait, devant la porte. Et, quand le ménage y fut monté, avec l’ami, Mathieu, qui s’en allait à pied, eut l’idée de lever les yeux. À une fenêtre, il aperçut Céleste installée, entre les deux enfants, sans doute pour s’assurer que monsieur et madame étaient bien partis. Il se rappela le départ de Reine, chez les Morange. Mais, ici, Lucie et Gaston restaient immobiles, d’une gravité morne, et ni la mère ni le père ne songèrent à lever la tête.