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GERMINAL.

— Est-ce qu’il va me promener longtemps ? pensait-il. C’est pour sûr dans l’écurie qu’il se terre.

Mais, à gauche, la voie qui conduisait à l’écurie était barrée par un éboulement. Le voyage recommença, plus pénible et plus dangereux. Des chauves-souris, effarées, voletaient, se collaient à la voûte de l’accrochage. Il dut se hâter pour ne pas perdre de vue la lumière, il se jeta dans la même galerie ; seulement, où l’enfant passait à l’aise, avec sa souplesse de serpent, lui ne pouvait se glisser sans meurtrir ses membres. Cette galerie, comme toutes les anciennes voies, s’était resserrée, se resserrait encore chaque jour, sous la continuelle poussée des terrains ; et il n’y avait plus, à certaines places, qu’un boyau, qui devait finir par s’effacer lui-même. Dans ce travail d’étranglement, les bois éclatés, déchirés, devenaient un péril, menaçaient de lui scier la chair, de l’enfiler au passage, à la pointe de leurs échardes, aiguës comme des épées. Il n’avançait qu’avec précaution, à genoux ou sur le ventre, tâtant l’ombre devant lui. Brusquement, une bande de rats le piétina, lui courut de la nuque aux pieds, dans un galop de fuite.

— Tonnerre de Dieu ! y sommes-nous à la fin ? gronda-t-il, les reins cassés, hors d’haleine.

On y était. Au bout d’un kilomètre, le boyau s’élargissait, on tombait dans une partie de voie admirablement conservée. C’était le fond de l’ancienne voie de roulage, taillée à travers banc, pareille à une grotte naturelle. Il avait dû s’arrêter, il voyait de loin l’enfant qui venait de poser sa chandelle entre deux pierres, et qui se mettait à l’aise, l’air tranquille et soulagé, en homme heureux de rentrer chez lui. Une installation complète changeait ce bout de galerie en une demeure confortable. Par terre, dans un coin, un amas de foin faisait une couche molle ; sur d’anciens bois, plantés en