grimpé sur une passerelle, installé comme au spectacle. Il courut plus fort, il entra avec les premiers. On était à peine trois cents.
Il y eut une hésitation, lorsque Deneulin se montra en haut de l’escalier qui conduisait à la recette.
— Que voulez-vous ? demanda-t-il d’une voix forte.
Après avoir vu disparaître la calèche, d’où ses filles lui riaient encore, il était revenu à la fosse, repris d’une vague inquiétude. Tout pourtant s’y trouvait en bon ordre, la descente avait eu lieu, l’extraction fonctionnait, et il se rassurait de nouveau, il causait avec le maître-porion, lorsqu’on lui avait signalé l’approche des grévistes. Vivement, il s’était posté à une fenêtre du criblage ; et, devant ce flot grossissant qui envahissait le carreau, il avait eu la conscience immédiate de son impuissance. Comment défendre ces bâtiments ouverts de toutes parts ? À peine aurait-il pu grouper une vingtaine de ses ouvriers autour de lui. Il était perdu.
— Que voulez-vous ? répéta-t-il, blême de colère rentrée, faisant un effort pour accepter courageusement son désastre.
Il y eut des poussées et des grondements dans la foule. Étienne finit par se détacher, en disant :
— Monsieur, nous ne venons pas vous faire du mal. Mais il faut que le travail cesse partout.
Deneulin le traita carrément d’imbécile.
— Est-ce que vous croyez que vous allez me faire du bien, si vous arrêtez le travail chez moi ? C’est comme si vous me tiriez un coup de fusil dans le dos, à bout portant… Oui, mes hommes sont au fond, et ils ne remonteront pas, ou il faudra que vous m’assassiniez d’abord !
Cette rudesse de parole souleva une clameur. Maheu dut retenir Levaque, qui se précipitait, menaçant, pendant qu’Étienne parlementait toujours, cherchant à convain-