qu’on menaçait. Il ne suffisait pas qu’elle s’arrêtât au dernier souffle expirant de la vapeur, on se jetait sur elle comme sur une personne vivante, dont on voulait la vie.
— À toi le premier coup ! répétait Étienne, en mettant un marteau au poing de Chaval. Allons ! tu as juré avec les autres !
Chaval tremblait, se reculait ; et, dans la bousculade, le marteau tomba, pendant que les camarades, sans attendre, massacraient la pompe à coups de barre de fer, à coups de brique, à coups de tout ce qu’ils rencontraient sous leurs mains. Quelques-uns même brisaient sur elle des bâtons. Les écrous sautaient, les pièces d’acier et de cuivre se disloquaient, ainsi que des membres arrachés. Un coup de pioche à toute volée fracassa le corps de fonte, et l’eau s’échappa, se vida, et il y eut un gargouillement suprême, pareil à un hoquet d’agonie.
C’était la fin, la bande se retrouva dehors, folle, s’écrasant derrière Étienne, qui ne lâchait point Chaval.
— À mort, le traître ! au puits ! au puits !
Le misérable, livide, bégayait, en revenait, avec l’obstination imbécile de l’idée fixe, à son besoin de se débarbouiller.
— Attends, si ça te gêne, dit la Levaque. Tiens ! voilà le baquet !
Il y avait là une mare, une infiltration des eaux de la pompe. Elle était blanche d’une épaisse couche de glace ; et on l’y poussa, on cassa cette glace, on le força à tremper sa tête dans cette eau si froide.
— Plonge donc ! répétait la Brûlé. Nom de Dieu ! si tu ne plonges pas, on te fout dedans… Et, maintenant, tu vas boire un coup, oui, oui ! comme les bêtes, la gueule dans l’auge !
Il dut boire, à quatre pattes. Tous riaient, d’un rire de cruauté. Une femme lui tira les oreilles, une autre