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III


Ce dimanche-là, dès huit heures, Souvarine resta seul dans la salle de l’Avantage, à sa place accoutumée, la tête contre le mur. Plus un charbonnier ne savait où prendre les deux sous d’une chope, jamais les débits n’avaient eu moins de clients. Aussi madame Rasseneur, immobile au comptoir, gardait-elle un silence irrité ; pendant que Rasseneur, debout devant la cheminée de fonte, semblait suivre, d’un air réfléchi, la fumée rousse du charbon.

Brusquement, dans cette paix lourde des pièces trop chauffées, trois petits coups secs, tapés contre une vitre de la fenêtre, firent tourner la tête à Souvarine. Il se leva, il avait reconnu le signal dont plusieurs fois déjà Étienne s’était servi pour l’appeler, lorsqu’il le voyait du dehors fumant sa cigarette, assis à une table vide. Mais, avant que le machineur eût gagné la porte, Rasseneur l’avait ouverte ; et, reconnaissant l’homme qui était là, dans la clarté de la fenêtre, il lui disait :

— Est-ce que tu as peur que je ne te vende ?… Vous serez mieux pour causer ici que sur la route.

Étienne entra. Madame Rasseneur lui offrit poliment une chope, qu’il refusa d’un geste. Le cabaretier ajoutait :