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Page:Zola - Germinal.djvu/450

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LES ROUGON-MACQUART.

tiraillement des sectes, les cadres savants se désorganisaient dans la haine de la discipline. Et déjà l’on pouvait prévoir l’avortement final de cette levée en masse, qui avait menacé un instant d’emporter d’une haleine la vieille société pourrie.

— Pluchart en est malade, poursuivit Rasseneur. Avec ça, il n’a plus de voix du tout. Pourtant, il parle quand même, il veut aller parler à Paris… Et il m’a répété à trois reprises que notre grève était fichue.

Étienne, les yeux à terre, le laissait tout dire, sans l’interrompre. La veille, il avait causé avec des camarades, il sentait passer sur lui des souffles de rancune et de soupçon, ces premiers souffles de l’impopularité, qui annoncent la défaite. Et il demeurait sombre, il ne voulait pas avouer son abattement, en face d’un homme qui lui avait prédit que la foule le huerait à son tour, le jour où elle aurait à se venger d’un mécompte.

— Sans doute la grève est fichue, je le sais aussi bien que Pluchart, reprit-il. Mais c’était prévu, ça. Nous l’avons accepté à contre-cœur, cette grève, nous ne comptions pas en finir avec la Compagnie… Seulement, on se grise, on se met à espérer des choses, et quand ça tourne mal, on oublie qu’on devait s’y attendre, on se lamente et on se dispute comme devant une catastrophe tombée du ciel.

— Alors, demanda Rasseneur, si tu crois la partie perdue, pourquoi ne fais-tu pas entendre raison aux camarades ?

Le jeune homme le regarda fixement.

— Écoute, en voilà assez… Tu as tes idées, j’ai les miennes. Je suis entré chez toi, pour te montrer que je t’estime quand même. Mais je pense toujours que, si nous crevons à la peine, nos carcasses d’affamés serviront plus la cause du peuple que toute ta politique d’homme sage… Ah ! si un de ces cochons de soldats